Lettre à mon chien
Je ne veux pas attendre ta mort pour te dire combien je t’aime .Chaque jour passé avec toi est une joie, chaque câlin est un doux réconfort, chaque instant de jeu m’ôte de la tête tous mes problèmes. On se fait vieux tous les deux, tu deviens plus capricieux et moi moins exigeante. Finalement je me fous de tes poils et de la terre que tu amènes, oh ! J’avais bien commencé dans notre nouvelle maison à t’interdire d’aller et venir mais finalement, à quoi bon ? Le syndrome d’hyper attachement : c’est moi qui le vit et tout bien réfléchis, je ne veux pas que tu prennes trop le soleil, alors, je ne te dis plus rien. Tu pisses sur mes plantations, je me fais une raison, j’ai 10 bouteilles d’eau prêtes et cela m’évite de crier « Fellow ! pas sur mes fleurs ». Tu n’as jamais été le Malinois tel que le monde le perçoit, le mordant ? bien sûr, génétiquement tu l’as, mais sur des os et ton inséparable Kong. Jamais tu ne m’as défendue car tu n’as aucune espèce d’agressivité en toi. Pour toi, le monde est devenu beau et bon 8 mois après notre rencontre. Et depuis, jamais tu ne t’es battu, je crois sincèrement que tu n’aimes pas cela. Quand tu t’es fait agresser, le mot magique est « fais le tour !» ce qui signifie « arrête de te défendre, barre toi, fais le tour de la maison et va te mettre à l’abri ».
Un jour, j’ai eu un feu de cheminée, reflexe peu recommandé, j’ai d’abord pris mes chiens, les ai mis à l’abri puis j’ai appelé les pompiers.
Il y a 3 semaines j’ai failli me jeter dans les rapides parce qu’encore une fois tu as voulu jouer les filles de l’air et tu t’es vautré.
Je me suis fait « car jacker » seules mes admonestations t’ont tirées de ta torpeur, tu as jeté un œil, et tu t’es dit « ça va, elle gère »
Les gens ont peur de toi, récemment un très jeune enfant qui te faisait des papouilles depuis un bout de temps a été arraché et envolé de terre violemment par son père, il est vrai que le Malinois est un mangeur d’homme … Pauvre idiot, l’enfant était aux anges et le père avait laissé son gamin sans surveillance ! C’est le chien qui paye !
J’ai tant d’anecdotes et de souvenirs avec toi, quand on se regarde toi et moi, il semblerait que nous ressentions au même moment une énorme bouffée d’amour. Nous en sommes arrivés à une communication presque uniquement visuelle et gestuelle.
Ici, les gens s’écartent de toi, traduction textuelle : « c’est un loup Allemand », de rares connaisseurs disent « loup Belge », de toute façon l’on te craint. Mais Il suffit que nous nous posions à la terrasse d’un café, que je te demande un « reste ! » le temps d’aller prendre ma commande ou autre et là, tu te fais plein d’amis humains … en mon absence … je te soupçonne d’aller les voir pour dire « regardez, elle m’abandonne, consolez moi… » et les gens craquent ! Cool ! grâce à toi, j’améliore mon Portugais !
Je te soupçonne parfois de devenir sénile, tu ne quittes plus ton jouet tu dors avec et le reste du temps tu le poses devant moi délicatement et tu me fais ce que des pros appelleraient un syndrome d’hyper attachement les « bêtises » en moins.
Non, je n’attendrai pas ta mort pour chanter tes louanges. Le jour où tu disparaitras de ma vie, je serai vide, n’aurai aucun mot, que des larmes et les larmes ne s’écrivent pas.
Tu es allé jusqu’à l’abnégation du partage lorsque certains humains ont partagé ma vie, mais je crois que tu savais que c’est toujours toi que je garderai envers et contre tout.
Tu m’obliges à créer des rituels, ce dont j’ai horreur, l’heure de ton repas est devenue d’une constance incroyable. Tu as deux types de bâillement : un silencieux et un autre sonore qui dit : réveille-toi, j’ai faim. C’est l’heure.
Aujourd’hui quand tu rentres les pattes pleines de boue, tu sais que tu dois « rester un temps sur ton « séchoir », à présent, tu me regardes de coin, la tête baissée et tu vas directement pourrir ton sofa : moralité : les machines à laver c’est aussi pour les chiens ! Je râle un peu en moi-même, tu as 10 ans passés, je m’en fous finalement : je t’aime.
Je veux profiter de toi encore longtemps, suis-je devenue laxiste ? et pourquoi pas ? Ton confort et ton bien être sont les miens.
J’oublie de te sortir à 23 heures tapantes, tu pisses sur mon pied de table : et je me dis : zut : c’est de ma faute.
Gaga de mon clebs : oui, et j’assume.
Parfois je mange des pâtes au fromage mais toi tu as ta viande de premier choix, toujours. Si j’ai moins d’argent, ce n’est pas de ta faute ! J’assume.
Je veux ici te remercier avant qu’il ne soit trop tard, d’avoir toujours accepté de me partager quelques temps avec d’autres de tes congénères dont j’avais la charge pour des sauvetages.
Mais comment comprenais-tu cela ? Nul ne le saura jamais.
Je regrette le temps où tu « bossais « avec moi, tu sais , on m’a fait passer pour une « vedette « de l’éducation mais sans toi , je ne serais rien. Tu avais un petit côté « frimeur » : » regardez comme je sais communiquer et apprendre les chiens mal éduqués à les remettre sur le droit chemin de la communication inter –races. « Puis, tu retournais tranquille à ta place, je ne t’ai jamais forcé, je me fiais à toi.
Récemment, j’ai rencontré une femelle Labrador qui attaquait tout. J’ai demandée à sa maîtresse de la lâcher et te laisser faire, oh ! Comme tu t’es moqué d’elle ! Elle a été déroutée de te voir insister et insister pour lui faire comprendre que tu n’étais pas son ennemi. Et encore une fois, tu as réussi. Oh ! elle a bien essayé de t’agresser mais mon roi de l’esquive, tu as bien managé ton comportement peace and love . Encore une fois, j’ai cru en toi et j’ai bien fait.
Hier, 3 chiens demi abrutis par un maître alcoolo sans foi ni loi, s’est amusé à lâcher ses 3 chiens sur toi, seul. Je t’ai dit : « défendu » (signifiant : laisse tomber ces chiens mal ou pas éduqués) , ces 3 chiens sont restés estomaqués. Et ont fait demi-tour. Tu es Royal quand tu ignores les menaces. Beaucoup de personnes, nous étions en ville, blindée de monde, ont stoppé net, pour assister à un combat sanglant ! Pffff …. J’ai tapé sur ma cuisse gauche et nous avons continué notre chemin.
Et certains diront, ce n’est qu’un « animal » ??? En effet, mon chien est un « animal », doué de sensibilité, et dans la nature, on ne se bat pas pour rien, contrairement aux humains !
« Mon » chien (bien que tu sois un être vivant à part entière et que je respecte en tant que tel) : tu m’apprends tellement sur la nature humaine.
Non, je n’attendrai pas ta mort pour te dire que je t’aime et que tu m’as offert et m’offre tellement de bonnes choses.
Les sauvetages de Valérie
Valérie DUCROCQ COUPE
éducateur canin / étude de comportement /pension familiale/ famille d'accueil
enquêtrice protection animale
engagée dans la protection de la faune sauvage
chemin du château d'eau 446, rue du Moulin 59246 MONS EN PEVELE
(+33) 6.79.03.16.69